Grains de Folie est le premier festival d'arts de la rue dans la région brestoise sur une période qui s'étend de 1989 à 1995. Ce festival est emblématique de l'histoire nationale des arts de la rue en France et a participé à la reconnaissance du mouvement dans sa phase de structuration, donnant naissance au Fourneau, l'un des tous premiers lieux de fabrique des arts de la rue.
Ce festival est né dans la petite commune du Relecq-Kerhuon, dans le Finistère en 1989, de l’envie d’une poignée de bénévoles du patronage laïque de briser le quotidien des habitants le temps d’un week-end. C’est la rencontre avec la compagnie Francilienne Oposito qui leur fait découvrir les arts de la rue et leur capacité à bousculer le traintrain quotidien des habitants. Ainsi de 89 à 94, une fois par an, dans différents lieux de la région brestoise, les spectateurs étaient invités à se présenter à 4h du matin aux portes des Grains de Folie, pour embarquer pour 20h de fête non-stop dans un monde délirant, démesuré, magique, hors du temps.
Sur le plan artistique, Grains de Folie présentait à la fois des compagnies reconnues à l’échelle nationale, voire internationale, et des petites compagnies. Oposito et Generik Vapeur étaient chargés d’inventer le fil conducteur de la fête, inspiré de la mémoire collective : une fois par an, La dame Blanche dérègle le temps en semant un grains de Folie, pour permettre à Dame Nuit de rencontrer Solenis, celui qu’elle ne fait d’habitude qu’apercevoir au petit matin, au moment de s’en aller. La folle journée commence et dans cette trame s’insèrent tous les spectacles de toutes les compagnies présentes. Pour les compagnies c’est donc un fabuleux travail d’équipe, où tout le monde se retrouve pour la première fois autour d’un projet commun.
Arrivée de la Dame Blanche, Grains de Folie 89, 6h du matin
Grains de Folie avait également pour particularité d’être une véritable plate-forme de création. Comme l’a dit Pierre Berthelot de Generik Vapeur : « les artistes avaient vraiment un tremplin, une aire de jeux. […] Pour moi, c'était le premier laboratoire possible et le premier endroit où des artistes pouvaient avoir un gros bac à sable et pouvaient travailler ensemble. », « Grains de folie c'était une piste d'envol, on était là pour essayer les choses pour se faire plaisir ». Les rencontres entre les artistes permettaient donc de décupler les inventions et leur mise en œuvre, de favoriser le compagnonnage et ainsi de pousser à la reconnaissance des arts de la rue.
Pendant 6 ans l’équipe de bénévoles des Grains de Folie et la Compagnie Oposito ont semé leurs grains au Relecq-Kerhuon, à Plougastel, au fort du Questel, jusqu’à l’actuel Fourneau, sur le port de commerce de Brest. Claude Morizur et Michèle Bosseur se sont professionnalisés en 1995 et sont désormais codirecteurs du Fourneau, Centre National des Arts de la Rue.
Fort du Questel , Grains de Folie 92 / Photo : Jacques Nicolas
Les textes de ce site sont extraits du mémoire de Mélanie Tanneau,
"Grains de Folie, Genèse du Fourneau et des Arts de la Rue dans la région brestoise" -
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